Les amateurs d’huîtres sont passionnés, et à juste titre. Ils célèbrent ce mollusque non seulement pour son goût exquis, mais aussi pour son histoire fascinante. Parmi les nombreuses espèces d’huîtres connues, la creuse, également appelée l’huître japonaise, occupe une place particulière. Cependant, depuis 2008, elle fait face à un ennemi redoutable : un pathogène virulent. Mais les huîtres ont développé une stratégie de défense étonnante pour contrer cette menace : l’épigénétique.
L’évolution de la préférence pour les huîtres creuses
L’huître creuse est devenue un incontournable des plateaux de fruits de mer en Europe, représentant 90 % de la production européenne d’huîtres. Cette prédominance découle d’une histoire complexe. Autrefois, l’huître plate régnait en maître dans les eaux françaises, mais elle a été décimée par un pathogène dans les années 1930. Les producteurs se sont alors tournés vers l’huître portugaise, mais elle a subi le même sort dans les années 1970. L’huître creuse, originaire du Japon, est devenue la solution. Cependant, en 2008, un nouveau variant de pathogène, appelé le syndrome de mortalité de l’huître du Pacifique (POMS), a émergé, décimant les populations d’huîtres.
L’épigénétique : La réponse des huîtres
Face à cette menace virale, les huîtres ne se sont pas laissé abattre. Les scientifiques ont découvert que le virus herpès responsable attaquait le système immunitaire des huîtres, les rendant vulnérables aux infections. Cependant, certains individus et même des colonies entières d’huîtres ont montré une résistance inexpliquée. Une équipe de chercheurs du laboratoire Interactions hôtes-pathogènes-environnements, à Montpellier, a récemment apporté des réponses cruciales.
Dans un article publié dans Science Advances le 8 septembre 2023, ces chercheurs révèlent que les huîtres résistantes ont procédé à des mutations génétiques ciblées et ont activé des mécanismes épigénétiques pour se défendre contre le virus. L’épigénétique, qui modifie l’expression des gènes sans altérer leur séquence, est devenue l’arme secrète des huîtres dans leur lutte contre le POMS.
L’avenir de la protection des huîtres
Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles méthodes de protection des huîtres et d’autres espèces vulnérables. Comprendre comment les huîtres utilisent l’épigénétique pour résister aux pathogènes pourrait conduire au développement de stratégies de prévention plus efficaces.
En conclusion, les huîtres, emblèmes de la gastronomie française, ont développé une réponse unique aux attaques virales grâce à l’épigénétique. Cette découverte nous rappelle la complexité et la résilience du règne animal et ouvre de nouvelles perspectives passionnantes dans la recherche sur la biologie marine et la protection des espèces menacées.